Pas de procès contre Félicien Kabuga, le financier du génocide rwandais

Article : Pas de procès contre Félicien Kabuga, le financier du génocide rwandais
Crédit: Photo de Félicien Kabuga partagée dans la liste des personnes recherchées : Crédit photo: Creative Commons
8 juin 2023

Pas de procès contre Félicien Kabuga, le financier du génocide rwandais

Photo de Félicien Kabuga partagée dans la liste des personnes recherchées. Crédit : Creative Commons
Finalement, c’est non. Pas de procès contre Félicien Kabuga, le financier du génocide rwandais. Le 6 juin 2023, les magistrats chargés des dossiers du Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) ont décidé, à l’unanimité, sur l’avis des médecins, de ne pas juger Félicien Kabuga. Donc, pas de procès. La raison ? L’état de santé du financier du génocide rwandais serait précaire. Lequel ? La démence. Après des années à jouer à cache-cache avec la justice, il ne s’en sort pas si mal, au final. Il a une sacrée veine, le bougre.

Les charges persistent ; elles demeurent toujours. Mais… Pas de procès contre Félicien Kabuga, le financier du génocide rwandais. En effet, sur le banc des accusés, il attendait de voir si les magistrats allaient confirmer les charges de crimes de guerre qui pesaient contre lui. Contre toute attente, ils l’ont jugé « inapte ». Le nonagénaire qui souffrirait d’une démence bénéficie d’une circonstance atténuante. Pour du bol, il en a. Par conséquent, il échappe à la perpète. J’imagine les ressentis des victimes.

Âgé de 90 ans, Félicien Kabuga souffrirait de démence dûe à une attaque cardiaque. Ne pouvant être jugé, il sera néanmoins incarcéré. Pas de procès contre Félicien Kabuga, le financier du génocide rwandais. Les magistrats seraient-ils dans l’attente d’un miracle ? Les chances pour ce dernier de retrouver son flegme des années 90 est plus qu’improbable, vu son âge.

Il y a vingt-neuf ans, une partie de la population rwandaise, les Hutus, aidée de l’armée nationale et des groupes d’autodéfense, la milice Interahamwe, se lancent dans une vague d’extermination digne du film horrifique de James DeMonaco, Americain Nightmare. Cette chasse ouverte aux Tutsis a fait, selon les sources, entre 800 000 et 1 million de victimes. Pour mener à bien une telle offensive meurtrière, il a fallu des moyens financiers et matériels assez conséquents. Sur toutes les lèvres, un nom revient en boucle : Félicien Kabuga.

Arrestation de Félicien Kabuga en mai 2020

Après des années de traque, Félicien Kabuga a été arrêté en mai 2020 par la police française. Il se cachait au nez et à la barbe des services de police et des renseignements du monde entier à Asnières-sur-Seine, en banlieue parisienne. Il vivait paisiblement auprès de l’un de ses fils. C’est, tout à fait par hasard, à la lecture, de son dossier médical, qu’on va finir par le localiser. Toutes ces années, il n’avait même pas daigné changer de nom, comme le ferait un fugitif.

Selon plusieurs rapports, cet ancien homme d’affaires est celui qui aurait fourni la logistique. En cavale depuis 94, il a été chopé par la police française pour être traduit devant les tribunaux. Après les exaltations de joies de victimes, place à la colère. L’homme, accusé notamment de crimes contre l’humanité, souffre de démence vasculaire ne pourra pas être jugé. Consternation chez les victimes. L’ancien homme d’affaires sera sous surveillance médicale. Par contre, Félicien Kabuga a un matricule. Désormais, il est connu sous l’identifiant : KABUGA, Félicien (MICT-13-38).

Le ressenti des victimes

Donc, n’y aurait-il pas de verdict dans cette affaire ? En effet, c’est vers cela que nous acheminons. Que retiendra la postérité ? Pour Lewis Mudge, directeur pour l’Afrique centrale de l’ONG Human Rights Watch, c’est « un échec en termes de justice ». On s’attendait à plus que ça. N’y a-t-il pas déjà un dossier à charge contre lui ? Pourtant, la plupart des témoignages l’incriminent sans l’ombre d’un doute. Qu’il n’ait pas toute sa tête change quoi ? Nous sommes certains quand pendant les crimes qui remontent à presque à trente ans, l’homme était à cette période de sa vie en possession de toutes ses facultés mentales. Qu’en est-il des familles qui attendent que justice soit rendue ? Enfin, il faudra que justice se fasse. Aussi ce n’est pas le vieillard d’aujourd’hui qui est en cause. Mais l’adulte en pleine possession de ses facultés mentales qui a décidé en 1994 d’exterminer tout un peuple.

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