Abidjan a les pieds dans l’eau

Article : Abidjan a les pieds dans l’eau
Crédit: unplash
8 juillet 2023

Abidjan a les pieds dans l’eau

The Old White Horse Brasserie, Old Main Street, Bingley, UK, publiée le 20 décembre 2018 photo crédit : Licence Unsplash
Abidjan a les pieds dans l’eau, littéralement, depuis quelques jours. En effet, la vedette du moment, en cette saison pluvieuse, est l’inondation. Plusieurs communes d’Abidjan se sont réveillées les pieds dans l’eau dans la nuit du 8 juillet. Pourtant, l’alerte « rouge » avait été déclenchée par la Sodexam, l’organe principal de la météorologie du pays.

Nous sommes le 8 juillet, dans la commune de Yopougon. De violents orages se sont abattus sur la commune. L’eau a commencé à envahir les maisons. Aussi, une partie de cette commune d’Abidjan, s’est réveillée les pieds dans l’eau. Des ponts qui prennent l’eau, des maisons submergées, des routes emportées, des morts par noyade et des victimes à la chaîne, voilà la situation à Abidjan, la capitale économique ivoirienne, en ce mois pluvieux. On pouvait voir plusieurs milliers de personnes pour échapper à cette inondation dévastatrice. Plus qu’une redite, ça sent l’oxymoron à pleines narines.

Chaque année, en Côte d’Ivoire, c’est la même rengaine dramatique, le même refrain tragique. Inondation par-ci, crues par-là. Libération les zones urbaines à risques. Des morts qui flottent sur les eaux et des blessés qui vont souffrir de quelques traumatismes toute leur vie. Le président, une fois encore, qui instruit le ministre chargé de la sécurité. Et puis, le ministre de solidarité qui s’en va consoler, avec des lunettes feutrées, des sinistrés, dans les mêmes zones. C’est à croire que les abidjanais s’accommodent bien avec cette malédiction cyclique. Chaque année, à Abidjan, de juin à août, c’est la même chanson. Ou, le même refrain tragique.

Entre inondations et coulées de boue, Abidjan a les pieds mouillés

Abidjan, toujours mouillée, est constamment sous les eaux, comme une Atlantide perdue au fond des profondeurs de la mer. En effet, dès que le mois de juin pointe le bout de son nez maussade, la hantise des Abidjanais de se réveiller sous les eaux, les pieds trempés, le matelas mouillé, est omniprésente. Depuis quelques semaines, les inondations sont monnaie courante dans les différentes communes d’Abidjan. En particulier, à Yopougon, à Bingerville, à Koumassi, à Bassam… Ce samedi 08 juillet, nous avons vu les populations de certains quartiers, comme Yopougon, complément dépassées. On y a enregistré quatre morts et plusieurs décès. Et, ce n’est qu’un bilan provisoire. Pourtant, nous n’en sommes qu’aux premières inondations. Évitons de prendre en pitié les Abidjanais, ils ne sont en train de récolter que ce qu’ils ont semé pendant des années. Ceci n’est qu’ordre normal des choses quoi. 

Aménagement anarchique, un casse-tête abidjanais

Ce phénomène d’inondation est un casse-tête qui ne dit pas son nom. Des autorités politiques à la population lambda, personne ne sait désormais à quel saint se vouer. D’autant plus que, tout le monde semble largué par les inondations à répétition dans la ville d’Abidjan, capitale économique de la Côte d’Ivoire. Nous sommes en Juillet. Et, Abidjan a les pieds dans l’eau. C’est la grande période de l’exode urbain. Pour faire face à la saison pluvieuse, qui cause, chaque année, des dégâts matériels et humains considérables, les abidjanais, au lieu de faire face aux problèmes, choisissent des palliatifs. L’exode. Ils décident d’aller habiter chez des proches ou des amis le temps que cette saison passe, pour revenir un ou deux mois après. Exagéré tout ceci.

Exode urbain abidjanais 

En effet, depuis quelques jours, de grosses eaux ont inondé certains quartiers d’Abidjan. Un grand nombre d’habitants, voyant leurs maisons inondées, ont décidé de déménager. Une tactique de survie assez bête, en somme. En réalité, la Côte d’Ivoire, l’inondation est au cœur de l’exode urbain. Toutefois, es habitants, ayant éprouvé de grands dommages, sont contraints de s’exiler, d’aller vers des communes un peu plus en hauteur. La pluie est tellement tombée à torrents qu’elle n’a pas rendu les routes impraticables ; elle a aussi causé l’exode de plusieurs milliers de personnes vers des communes plus sûres. Dans les faits, les communes urbaines étouffent sous les abris de sicobois, de maisons de fortune.

Urbanisation anarchique

La ville d’Abidjan compte plus de six millions de personnes. Voilà à quoi il faut faire face quand on distribue des permis de construire comme des Kinder à des gosses. La croissance démographique galopante et l’urbanisation rapide ont conduit des promoteurs immobiliers à construire de nombreux bâtiments, de manière désordonnée, sans pour autant prendre en compte les normes élémentaires de l’urbanisme. Aussi, ils ont oublié, par omission, nous osons le croire, de prendre en compte les systèmes de drainage des eaux. Par conséquent, il y a peu de canalisations. Donc, les rues sont envahies d’eaux pluviales à la moindre pluie. Pourtant, on n’a point besoin d’aller à l’école pour savoir qu’il ne faut pas construire sur le lit d’un cours d’eau. Visiblement, les abidjanais s’en battent les couilles des règles les plus élémentaires en matière d’urbanisme.

Abidjan
inondation crédit photo : unplash

Abidjan, une ville à forte pluviométrie 

À Abidjan, pendant les mois de juin, juillet et d’août, la pluie ne cesse pas. Aussi, des communes entières sont inondées. Et cela, chaque année. C’est une urgence climatique. En effet, les rues sont envahies d’eau, les éboulements se préparent pour de belles avalanches et les ponts, immergés, craquent pour les torrents qui les caressent. Il pleut beaucoup à Abidjan. Un peu trop, il faut le dire. La ville est, du fait de sa situation géographique, soumise à des précipitations importantes. Surtout pendant la saison des pluies. À chaque fois, il survient une pluie torrentielle qui emporte tout sur son passage. Abidjan, pendant la saison pluvieuse, est toujours au trois quarts submergée. Nous voyons des scènes hallucinantes : des riverains qui se promènent en pirogue. On se croirait à Venise. Mais, sans le charme qui va avec. 

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Commentaires

Poulain Caunes
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Ce sera pour la Côte d'Ivoire un des plus grands défis à relever lors de la prochaine décennie : atteindre à une bonne gestion des déchets ménagers, mettre un terme à l'occupation anarchique des sols, sensibiliser dès le plus jeune âge à la sauvegarde de l'environnement et à des attitudes citoyennes, maintenir en bon état une infrastructure routière jusque dans les zones défavorisées afin que les voies de circulation ne soient plus des piscines à ciel ouvert servant de niches à moustiques.
Oui, le défi est grand !