La mort me fait peur, en toute lucidité

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2 août 2023

La mort me fait peur, en toute lucidité

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Image de la galaxie par la NASA. Crédit : Unplash
Avec le temps, j’ai fini par m’accoutumer à l’idée de la mort, de ma propre mort, puisque nul.le n’est immortel.le sur ce globe géant, qui, à l’échelle cosmique, n’est rien d’autre qu’un grain de sable jeté dans l’univers.

Pendant longtemps, j’étais constamment tiraillé par l’idée de la mort. Cette angoisse paralysante qui vous obsède tant et si bien que vous ne pouvez rien entreprendre. Voir un mort m’a toujours jeté dans un trouble panique indescriptible.

L’angoisse dévorante

D’abord, on se dit qu’on n’atteindra pas l’adolescence. Mais, celle-ci vient avec ses désordres hormonaux. Ensuite, on va vers la trentaine et on angoisse parce qu’on sent que demain ne nous trouvera pas. La mort nous aura liquidé. On va voir des médecins qui n’ont pour toute science que de vous prescrire des ordonnances : des anxyliotiques.

Hélas! la peur de la mort c’est comme l’odeur du bouc ; on s’en débarrasse pas vraiment. Et, encore, demain vient. Après-demain passe. Cahin-caha, on devient un jeune quadra, frais en apparence, mais dévoré de l’intérieur. La méchante prophétie qu’on se formulait pour soi tarde. Même cela nous angoisse. Paradoxal.

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Je peux dire que j’ai guéri de l’angoisse de la mort. Il faut le croire, parce que je n’y pense plus 24 heures sur 24. Toutefois, je n’en suis pas soigné. Dorénavant, c’est la manière dont je partirai qui m’inquiète le plus. Ça peut paraître bête – c’est même bête -, mais je me suis toujours dit que par décence, la mort pourrait m’envoyer un faire-part morbide, histoire que je mette certaines choses en ordre, comme…

Comme, brûler mes revues pornographiques, aller tirer un dernier coup, faire la paix avec moi-même, supprimer tous mes comptes : Facebook, Twitter – pardon, X -, Tinder, Jedolo, Locanto, Pornbub… Surtout, aller une dernière fois sur la tombe de ma mère. Parce que si le paradis existe, elle et moi, c’est sûr qu’on ne se verra pas. Si le paradis existe et que je meurs maintenant, au regard de ma vie, je connais mon sort. Mais, je ne me confesserai pas. À quoi bon. Ça serait pas sincère. Ce serait mentir parce que j’étais lucide quand je faisais ces bêtises-là.

Confronter la mort

Se lever le matin, croyant qu’on va passer une superbe journée et se faire faucher par la mort, au détour d’une rue, me fait peur. Oui, j’ai peur de la mort subite et brutale. Il paraît qu’on n’en souffre pas. Qui le dit ? Tant que ce n’est pas un mort, j’aurai du mal à y croire. Toutes ces personnes qui affirment le contraire n’ont à mes yeux aucune légitimité. Ce ne sont pas des morts. J’adore les personnes qui parlent par expérience.

Je veux voir la mort, la regarder dans les yeux, et lui dire de patienter le temps que je gère certains trucs, comme on fait patienter un créancier. Je veux avoir un tête-à-tête avec lui et me préparer à l’affronter mais si je sais que dans cet ultime combat, je n’en sortirai pas vivant. C’est pourquoi, j’ai horreur des accident bêtes, des crises cardiaques malignes.

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Commentaires

cellulosique
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J’ai énormément aimé votre texte. Je suis un peu de l’avis contraire. J’aime la vie au possible, mais la mort restera pour moi une libération. Ou peut-être que j’aime autant la vie parce que je ne peux pas échapper à la mort. Et aussi parce que je crois que les choses sont belles ne pas parce qu’elles durent mais parce qu’elles sont éphémères.

BAMBA SIAKA DOH OUATTARA
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Merci. De nos avis contraire, nous arrivons à un juste milieu. La vérité, grand V, ça n'existe pas.