Jade, à l’assaut des VGB en Côte d’Ivoire

Le 10 décembre dernier, à Tengrela dans le nord de la Côte d’Ivoire, l’ONG Jade « Jeunesse en action pour le développement » et ses centres d’alphabétisation se sont lancés dans une entreprise audacieuse en mettant sur pied un programme d’alphabétisation ciblé. L’objectif est de mieux informer et outiller les femmes face aux violences basées sur le genre (VBG) lors d’ateliers mensuels sur les droits et violences basées sur le genre.

Jade en première ligne

Jade travaille avec les femmes, premières victimes de violences basées sur le genre, au sein de groupes de responsabilité. En effet, les VGB sont des phénomènes transnationaux qui écrasent toutes les femmes de tous les continents. Devant le patriarcat, les femmes doivent se serrer les coudes. C’est pourquoi, Mme SEKONGO Jemima, professeure de philosophie et spécialiste du genre, a réussi à coordonner le premier atelier de Jade. Elle a tenu à sensibiliser les femmes sur la nécessité de faire entendre leur voix quand elles sont victimes de violences : « Le sujet reste un tabou. Une auditrice a même dit, que ce que nous disons ici, doit rester entre nous, sinon, nos maris, mettront fin, à notre venue dans le centre. » Par ailleurs, l’empreinte des hommes est si forte que des femmes ont évoqué le fait de garder ces discussions confidentielles.

Jade ou le dynamisme d’une communauté

Médiatiser les VGB par la sensibilisation est aussi d’une démarche de l’ONG Jade. Face à l’affluence des femmes venues d’un peu partout, M. Coulibaly Aly Badra, président de Jade, a souligné : « Nous nous sommes retrouvés débordés et embarrassés par le trop grand nombre de réponses à notre appel à inscription. Avec la coordination du projet, la responsable du projet, le conseiller alphabétisation de l’IEPP et les femmes leaders des communautés engagées, nous avons décidé de venir vers les femmes, qui ont des lieux naturels de rencontre. » Dans la pratique, cinq groupes de travail, répartis dans différents quartiers et un village, ont animé les séances. Les kits complets remis aux 120 auditrices garantissent des sessions d’apprentissage fructueuses. Par ailleurs, la présence de Monsieur DOA Seny, Conseiller en Alphabétisation à l’IEPP, renforce l’impact, soutenu par les autorités locales. Le choix des cinq groupes ne s’est pas fait sur un coup de tête. En le faisant, le spectre des personnes pouvant être impactés a été élargi.

Voix des auditrices : entre espoir et doute

Les auditrices ont exprimé un engouement palpable. En effet, elles ont beaucoup appris lors de cet atelier. Au nombre de leur acquis, elles ont appris que les VGB ne se résumaient pas seulement que dans le cadre « conjugal ». Grâce à cette rencontre, plusieurs femmes ont reconnu être désormais armées, intellectuellement, à tenir tête aux hommes. Les auditrices ont espéré que ce genre de rencontres se déroulent le plus souvent possible. En outre, Mme Koné Fatoumata, monitrice au centre « CHEZ LES SŒURS », a souligné l’importance de cette opportunité éducative… Elle est allée plus loin en montrant l’intérêt de cette initiative pour elles et leurs enfants, comblant les regrets passés.

Financement de l’ambassade américaine

Grâce à un financement de l’ambassade des USA, dans le cadre des subventions Self Help, Jade a lancé un programme de six mois (de novembre 2023 à mars 2024). En effet, elle vise à équiper les femmes de compétences en lecture, écriture, calcul et organisation associative. L’enthousiasme a dépassé les attentes, entraînant une extension du programme de 100 à 120 auditrices.

Jade, un engagement pour l’autonomisation des femmes

À travers ce programme, Jade concrétise son engagement stratégique envers l’autonomisation des femmes. Cette initiative va jusqu’en mars 2024. Aussi, elle vise à créer des communautés de femmes autonomes et épanouies à Tengrela, laissant une empreinte positive durable. À la fin du mois de décembre, un autre atelier aura lieu. Cette fois, il sera question de santé sexuelle, santé de la reproduction et planning familial. Animé par des sages-femmes et des infirmières du département, il promet d’enrichir davantage les connaissances des participantes.