Le Judas de Abdala Koné

Article : Le Judas de Abdala Koné
Crédit: Abdala Koné (avec l'autorisation de l'auteur)
4 janvier 2024

Le Judas de Abdala Koné

Le Judas ! C’est le nouveau recueil de nouvelle, paru, chez E’stars que l’écrivain ivoirien Abdala Koné a publié en 2021. Il continue de creuser le même filon littéraire : l’amour.

Affiche promotionnelle avec couverture du livre ! crédit photo Abdala Koné (avec l’autorisation de l’auteur)

Abdala, un semeur de livres

Abdal Art a publié un nouveau livre, rempli de métaphores grand format, de tableaux saisissants et de préciosités littéraires. Il écrit comme un foldingue. Aujourd’hui, il revient avec Le Judas. En effet, ses premières tentatives littéraires remontent à l’aube de l’année 2010. Je crois ; j’ai pêché l’info sur le net, là où rien n’est vraiment pas parole d’évangile. Ce dont je suis sûr, Abdala n’a jamais cessé d’écrire depuis Flamme d’amour et Senteurs lyriques. Il a bien raison. Il a compris, qu’en littérature, il faut produire ; le statu quo n’est pas bon signe, il s’apparente à une sorte de régression, de desquamation littéraire. Aussi, pour ce livre, a-t-il décidé de déposer son « baluchon littéraire » au seuil de la jeune maison d’édition : les éditions E’STARS, chez Séverin Bouatini.

Un Judas particulier

Pour être franc, j’ai pensé, en voyant la couverture ensanglantée, à Judas Iscariote, le traitre, le possédé… bref à celui qui s’est pendu à un sureau. Mais, j’ai ensuite vu le trou de la serrure. Enfin, je crois. Épier quoi ou qui ? la vie des hommes et des femmes qui s’envoient en l’air, qui pissent sur les normes. Un recueil, le Judas, invite à regarder par le judas pour voir dans des huis clos orgiaques des âmes perdues à elles-mêmes qui s’effondrent. Avec le Judas, Abdala est toujours dans le même tempo ; il ne descend pas, il ne monte pas : c’est encore et toujours le même refrain : l’amour et la femme. Abdala a gardé dans cette œuvre sa marque de fabrique, comme un peintre, qui, d’un coup de pinceau désinvolte, signe sa toile. Un griot ne change pas sa manière de frapper sur les cordes de son n’goni.

Le Judas
Dédicace de l’auteur le samedi 06 janvier 2023 à l’université musulmane Africaine de Côte d’Ivoire à Abidjan ! crédit photo: avec l’autorisation de l’auteur

Des chutes inattendues

Cependant, loin d’ennuyer, ce sont sept nouvelles, avec en toile de fond l’amour primitif et bestial des arachnides qui se terminent toutes en des chutes « Niagara » : en un sms, en un regard lubrique, en un clignement de paupières, en une expiration… l’adultère, la trahison, les concupiscences les plus ordurières d’individus couperosés aux désirs de jouir, de s’expulser dans l’autre, comme un ultime acte libérateur ; tout y passe.

Un œil par le Judas

Une nuit, deux amants, deux écrivains, se donnent rendez-vous pour faire un dernier coup, un coup d’au revoir. Chacun, voulant échapper à l’amertume de son foyer, décide de s’envoyer en l’air en une sorte de thérapie. En effet, dans chaque nouvelle, les personnages, sont tous fouettés par le désir sexuel. Le judas, c’est ce petit coin de couverture que l’auteur, voyeur, soulève pour nous donner accès à des intimités. Dans le roulis de ces âmes qui se noient dans la mer-amour, il n’y a rien pour retarder l’inéluctable, cette chaude éjaculation, brève, passagère, évanescente. Chut ! Ne parlons pas si fort ; il y a des nouvelles, dans ce recueil, qui effrayeraient les potinages scandaleux et réveilleraient un cadavre en décomposition. Sinon pourquoi boire « atoté » avec viagra pour aller faire l’amour ? That is the question ! Faut pas s’y tromper.

Le Judas, un livre social

Ce recueil, écrit dans un style bourgeois du 20ᵉ siècle, tranche avec cette nouvelle prose coupé-décalé qui pilule dans la nouvelle littérature ivoirienne. Ce livre ressemble aux confessions d’un prêtre africain qui a décidé de renoncer à son vœu après la dernière sortie du pape au sujet des homos. Un prêtre, qui, perturbé par les trucs déments qu’il a entendus, a fini par perdre la tête. Toutes ces nouvelles, franchement abordées, ont cet effet tragique qui fait que nous ne devons pas oublier que cette vie est avant tout un enfer social. Trop d’hypocrisie. Trop de haine. Et quoi encore ! Lisez ce livre et faites-le lire, ça vous évitera de basculer dans certaines histoires d’amour.

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