Les votes par défaut, en Afrique

Article : Les votes par défaut, en Afrique
Crédit: CEI via X
6 décembre 2023

Les votes par défaut, en Afrique

La semaine dernière, en Côte d’Ivoire, la prolongation des élections municipales a eu lieu. Rebelote. En effet, les mêmes, à quelques exceptions près, ont recueilli le plus de suffrages ; les votes du peuple. On s’y attendait.

Des municipales mouvementées

Les élections municipales ont été reprises dans plusieurs villes de la Côte d’Ivoire. La Commission Électorale ivoirienne a estimé qu’elles étaient entachées d’irrégularités avérées. Les villes concernées étaient ainsi les suivantes : Dabakala, Gohitafla, Koumabala, Sarhala, Kouibly, Oumé, San-Pédro, Tiassalé, Ferkessédougou… Dans ces zones, les municipales, chacun fort de sa raison, pensaient sortir victorieux. Les votes ont déçu des espoirs. Les mêmes candidats ont répété les mêmes slogans : « des poteaux électriques dans tous les villages de la circonscription, même dans les champs », « l’eau courante, en veux-tu, prends ce qui t’est nécessaire,  » Vous voulez des routes, je vous fais le serment de faire passer devant vos portes des autoroutes « . Aussi le peuple hameçonné par ces offres fantaisistes va encore se faire enfumer. Cependant, on vote un individu parce qu’on pense qu’il va enlever son argent de sa poche pour nous offrir du poulet braisé tous les weekends. Bref, on vote un rêve.

Un politicien, un marchand de rêve

Une réalité découle de cette élection, de ces votes, comme des milliers d’autres qui se sont déroulées bien avant. En effet, en Afrique, on vote par affinité. Une affinité très sélective en somme, ou peut-être dans une mesure plus large, par intérêt. Je vote tel candidat au détriment d’un tel parce que c’est mon frère, mon cousin, un membre de ma famille. Par ailleurs, je le vote, car il m’a promis une place à la fonction publique, de financer mon projet irréalisable. Les hommes politiques africains ne savent faire qu’une chose : vendre sur rêve.

votes
Panneau luminescent sur lequel est inscrit en caractère imprimerie « votes » crédit photo : Cottombro Studio via pexels

Les votes, une affaire d’affinité

Aussi, quelques années plus tôt, j’ai été interpellé par un de mes cousins en ces mots :  » pour qui vas-tu voter pour les élections à venir ?  » En Afrique, entre frères, ces genres de questions sont assez courants et contrairement aux occidentaux, on y répond sincèrement, sans ambages. C’est ce que j’ai fait, non sans envisager le courroux que cela soulèverait chez mon cousin : « J’attends, d’abord, de lire les offres politiques des candidats. Celui ou celle qui aura une réponse réaliste et adaptée à mes attentes aura mon vote ». Il devint furax. Ce n’était pas ce qu’il attendait, de moi, comme réponse. Il ajouta : « Tu vas laisser le candidat que ton frère soutient pour aller donner ta voix à un autre ?  » 

Cependant, cette réaction est bien courante dans notre pays. On ne vote pas selon un programme, mais selon les liens affectifs, ethniques, religieux. Pourtant, les votes se font selon une offre politique claire. Je n’arrive toujours pas à comprendre le mécanisme qui se passe dans la tête des électeurs pour qu’ils arrivent toujours à se faire berner par les mêmes slogans à deux balles. En effet, il y a trop de situations, en somme parasitaire, qui mettent à mal le développement des pays africains.

Les élections en Afrique, une voie sans issue

Les électeurs, ils sont nombreux, refusent de voir au-delà d’eux-mêmes. Nous sommes dans une sorte de nombrilisme identitaire qui fait qu’on se refuse à voir une élection de manière holistique. Ça me fend le cœur de voir des jeunes qui baissent ainsi les bras. En effet, comme l’a dit Nicole Hamouche dans un de ces blogs :  » Je n’ai pas le choix, je suis obligé de voter pour untel ou pour un autre tel. Car, il est de la famille, c’est un ami d’enfance... » J’ai envie de dire à ces jeunes : « Qui t’a mis un couteau sous la gorge ? « .

Étiquettes
Partagez

Commentaires

Adelaïde fouejeu Fouebou
Répondre

C'est certainement ce qui se passe dans plusieurs pays africains. Il faut changer cette façon de faire afin d'avoir des choix plus objectifs.