Ousmane Sonko, un opposant qui dérange

Article : Ousmane Sonko, un opposant qui dérange
Crédit: Wikimedia Commons
3 juin 2023

Ousmane Sonko, un opposant qui dérange

Ousmane Sonko – Crédit : Wikimedia Commons
Le Sénégal perd son triple A dans le domaine de la démocratie africaine. Après avoir longtemps été considéré comme un véritable pôle de stabilité, ce pays d’Afrique de l’Ouest est en proie à de violentes manifestations. Ça n’a pas trainé. Deux jours après l’annonce du verdict contre l’opposant Ousmane Sonko, des manifestants sont descendu dans la rue. Le bilan est lourd : une dizaine de morts. Aussi peut-on dire que Ousmane Sonko est un opposant qui dérange Macky Sall. Après les émeutes, le pouvoir déploie l’armée dans Dakar.

Ousmane Sonko, un opposant qui dérange

Le jeudi 1 juin 2023, après que soit tombé le verdict de la chambre criminelle du Tribunal de Dakar condamnant l’opposant Ousmane Sonko, le pays a sombré dans la violence. En effet, Ousmane Sonko, président du Pastef, est, contre toute attente, condamné à deux ans de prison ferme pour « corruption de la jeunesse« . De nombreux jeunes sont sortis dans les rues de Dakar et de Ziguinchor pour manifester leur colère. Dakar est quadrillé par les militaires. De prime abord, il reste la seule figure crédible de l’opposition au Sénégal. Puis, il est un leader emblématique en l’espace de quelques années.

Le Tribunal de Dakar fait le ménage pour Macky Sall

C’est la fin d’une longue chronique judiciaire. En fait, nous sommes au terme d’une procédure judiciaire qui a commencé en février 2021. Comme nous l’avons dit, Ousmane Sonko n’avait cessé de crier au « complot » du gouvernement de président Macky Sall dont le seul but était de l’écarter du pouvoir. Par conséquent, au vue de cette décision de justice, il ne pourrait pas se présenter à l’élection présidentielle prévue en février 2024. Aussi est-il exclu de la prochaine élection présidentielle.

Les juges avaient du pain sur la planche. Mais par une sorte de distorsion juridique alambiquée, ils ont transformé les faits de viol contre Adji Sarr en « corruption de la jeunesse ». A côté des faits de viol, de menaces de mort, de corruption, ils ont retenu cette seule charge. Alors que le parquet avait requis une peine de 10 de prison pour viol, les juges ont décidé de condamné l’opposant de 48 ans à une peine de deux ans pour « corruption de la jeunesse ».

À qui profite ce jugement ?

À qui profite ce jugement ? Pas à Adji Sarr ; c’est elle la violée. À la jeunesse ? De quelle jeunesse parle le procureur ? En effet, cette sentence fait l’affaire du président Macky Sall, qui, s’il se présentait, serait seul dans la course. L’élection présidentielle sénégalaise avance à grand pas. Elle est prévue pour se tenir en février 2024. Dans moins d’un an. Cette peine met d’office l’opposant sénégalais hors course. Avec une telle peine, il est inéligible. Son avocat, Me Bamba Cissé va dans le même sens en qualifiant ce procès de machination qui ne vise qu’une chose : écarter son client de la course à la présidentielle. Étant donné que Ousmane Sonko n’était pas au procès, il sera dans l’impossibilité de faire appel, car il s’agit là d’un jugement par contumace.

Macky Sall, candidat ou pas ?

Macky Sall sera-t-il candidat ou non à la prochaine élection présidentielle ? Il n’a encore rien dit jusqu’à présent et continue d’entretenir le flou sur sa candidature. L’opinion publique et politique restent perplexes. De toute évidence, il est inéligible selon la constitution. Mais, ce n’est un secret pour personne de voir un président changer la constitution pour pouvoir se présenter au dernier moment. Certains de ses homologues sont passés maîtres en cet art. En effet, ses lieutenants écument le pays et exigent que le président se représente à l’élection présidentielle du 25 février. Tous les membres de son parti le réclament à grands renforts de meetings. Moussa Sow clame partout cette phrase assez prémonitoire : « Nous ne voyons pas qui d’autre pourrait se présenter », argumente Moussa Sow, représentant de la jeunesse de l’APR, à l’origine de ces meetings.

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