RFI-Théâtre, quelles tempêtes d’émotions

Article : RFI-Théâtre, quelles tempêtes d’émotions
Crédit: RFIs
12 décembre 2023

RFI-Théâtre, quelles tempêtes d’émotions

RFI
Prix RFI Théâtre 2020 (c) RFI Crédit photo : Pascal Paradou Suivre
Nous sommes en décembre. C’est la fin de l’année. L’heure, dit-on, est aux bilans. Dans l’impossibilité de vous faire un récap de tout ce que j’ai eu à faire, à essayer, à essuyer au cours de cette année qui disparaît, je vais vous raconter l’un des concours littéraires que j’ai eus à faire. Il s’agit du Prix Théâtre 2023 organisé par RFI, Radio France International. Et, pour ne pas trop vous saouler, je vais vous raconter quelques brefs instants, riches en émotions ; il faut dire que j’aime les situations qui me procurent une extrême angoisse, comme un joueur compulsif de jeux de hasard.

Une bête de concours de RFI

Je fais partie de ces hommes que la moindre émotion afflige et jette dans le grand des désarrois. Pourtant, au lieu de rester dans mon coin, j’aime flirter avec les crises de nerfs. J’écris. Et même beaucoup d’ailleurs. J’écris sur tout et rien. Partout et n’importe où. Aussi, sur Facebook, sur Twitter, sur les blogs — j’en ai une dizaine, des comptes que personne ne suit —, au sujet de tout : sur le changement climatique, sur un proxénète immigré qui a oublié sa carte de séjour chez une travailleuse de sexe, sur un gay qui n’est pas bien dans sa peau… Enfin, j’écris. De façon compulsive De manière maladive. Quelque mois plus tôt, dans ce même élan d’écriture, j’ai participé au prix de RFI-Théâtre, pour la découverte de talent. 

Des jours d’angoisse

Ce jour-là, c’était un grand jour. La RFI doit dévoiler la liste des nominés. En effet, j’avais beaucoup travaillé. Et comme tout compétiteur qui s’estime, qui croit qu’il est le meilleur de tous, j’attends le verdict, non sans une certaine anxiété. Mais avec beaucoup d’espoir et d’enthousiasme, d’ailleurs. On choisit dix personnes ; dix nominés. Ça ! C’est dans mes cordes. Je suis un 9. Aussi, je me dis que je peux être parmi les 10. Si la littéraire avait besoin d’un dix, normalement, je dois être le Beckenbauer.

La fausse confiance en soi

En effet, j’ai écrit. Je peux le dire ainsi ; j’ai écrit, une œuvre originale. Aussi, et si les jurés ont l’esprit assez ouvert, ils me feraient candidater pour le prix Nobel. À la première lecture, ils se rendraient comme qu’ils avaient affaire à un génie de la trempe de… Non. Je n’ai pas de semblable sur cette terre, en matière de dramaturgie. Mon œuvre – et quelle œuvre – n’a pas son pareil sur cette terre. Enfin, le monde entier va connaître mon immense talent. Je paraderai dans les salons littéraires, sur les chaînes de télévision et je dirai au monde entier qu’avant moi, la dramaturgie n’avait jamais existé. Sur ma page Facebook, j’écrirai, en lettre d’or, que je suis l’écrivain zéro du théâtre.

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Une attente douloureuse

Dans deux mois, on donnerait le résultat. Pourquoi attendre tout ce temps ? Pourquoi ce faux suspense ? Peut-il y avoir un dramaturge aussi élevé dans les rangs des hommes de l’être que moi ? En toute modestie, j’en doute. Mais les jours, les semaines, les mois passent et le vide qui s’insère dans les entre-temps s’en est venu rempli le mien avec ses angoisses, ses doutes, ses craintes et ses peurs. Je commençai à douter. Et plusieurs fois, l’idée d’envoyer un mail aux organisateurs dudit concours pour connaître le sort qui m’était réservé passa dans mon esprit. Heureusement, j’ai assez d’orgueil et une prétention de prix Nobel pour me raviser. 

Le Jour J, jours des extrêmes

Le jour J arriva. J’allais savoir. Enfin ! Mais avec le temps, j’avais perdu toute confiance en moi et le doute s’était installé. De ce résultat. D’un résultat à ma faveur, ma vie, désormais, dépendait. Aussi, rien qu’à cette idée, un douloureux soupir sortait de ma poitrine. Quand les résultats tombèrent, à la seconde près, une notification… Les noms de 10 nominés. Je lis du haut vers le bas. Ensuite, du bas vers le haut, tremblement. Je ne fais pas partie des 10. Mon Dieu.

La désillusion, RFI-Théâtre

Mon Dieu ! Je m’écris. Pourtant, je ne crois pas en dieu. Encore une fois, je n’ai pas été reçu. Je soupire profondément et j’éteins mon téléphone. Peut-être qu’ils ont omis mon nom ? Probablement qu’ils me réservent une place digne de ma haute intellectualité. Aussi, dans cette douleur qui monte, dévorante et qui me consume, je me réfugie dans ce lieu commun : « Je suis un génie incompris ». Qu’ils gardent leur prix, moi, pour ma part, je ne suis pas de ce monde. 

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