Bamba, une bête à prétention

Bamba Inza se déchaîne. Il faut dire que cette nuit, je ne voulais pas écrire. Ni stylo, ni clavier. Mais quand on revient de la frontière de la vie, on veut s’accorder un instant de plaisir muet. Aussi, entre deux orages, j’ai lu le dernier en date de Inza Bamba.

« J’admire votre courage. En effet, descendre dans l’arène à ce moment précis de l’histoire. Chercher à démêler le vrai du faux. Aussi, défaire les idées arrêtées. Et aussi, déconstruire des idées des Instagrameuses. En effet, l’autre jour, quand j’ai acheté ce livre, avant de tourner la première page, j’ai ouvert les deux battants de mes lobes cérébraux, – un seul ne suffirait pas. La lecture, comme l’écriture, fait appel à nos deux hémisphères cérébraux. L’écrivain, dans son lobe préférentiel, noirci à l’encre le côté qu’il maîtrise le mieux. Et comme on ne chasse pas le gibier d’eau en saison sèche, chacun donne sa version avant…

En Côte d’Ivoire, nous sommes nombreux à penser que la Ministre Kandia Camara, anciennement ministre de l’éducation nationale, était une « monstre ». Surtout quand elle était notre boss, dans le secteur Éducation-Formation. Avant de commencer la lecture, je me disais en fond sonore: « Le grand-frère va me dire quoi sur une patronne qui a coupé mon salaire lors de la grève de 2017 ? » J’étais trop impliqué négativement. C’est avec cet état d’esprit que j’ai plongé dans ce livre. Mais…

Dès les premières lignes, Inza peint une femme aimable, vertueuse, charmante. Normal. Lui était un collaborateur direct. Moi, je ne la voyais qu’aux JTs de 20 heures. Nous voyions le même objet selon des prismes différents. Il a donné son avis, selon son prisme à lui. C’est son témoignage.

Inza Bamba est un peintre puissant. Aussi peut-il faire des choses qui ne viendraient à l’idée d’aucun écrivain: faire un livre témoignage sur la ministre Kandia Camara, un personnage très controversé de la politicosphère ivoirienne. Rn effet, ce livre, même si on ne le trouve pas à notre goût, on n’y mord. Pourquoi ? C’est Inza Bamba qui en déroule les lignes avec la majesté d’un saurien qui a fini d’écumer les fonds marécageux et qui veut s’échapper d’un monde dont il sait tout. Un Bamba est une bête à prétention.

Je ne vais pas vous mentir; ce livre est une vraie suçade. Mais à son avantage, il se pique de faits sincères, d’expériences vraies. Chacun des souvenirs que l’auteur rappelle est un témoignage, un souvenir. Des témoignages qui militent en faveur de la vérité.

Dans une société qui voit la petite bête partout, je veux, en toute simplicité, poser cette question pour tous les ivoiriens qui ne vous liront pas? En effet, quel est le mobile de ce témoignage? Je la veux poser cette question parce qu’elle sera posée. Au RHDP, on parle si haut, on parle si fort,… que ce ne serait ni audace, ni légèreté de demander si vous croyez, dans l’humble mesure de votre intelligence, en tout ce que vous avez écrit à propos de madame la ministre, Monsieur Inza? »