Les militaires mettent Bazoum sur la touche

Article : Les militaires mettent Bazoum sur la touche
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28 juillet 2023

Les militaires mettent Bazoum sur la touche

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Drapeau nigérien flottant dans un ciel azuré ; crédit photo : unplash
Mercredi 26 juillet 2023. Un autre coup d’État met fin aux fonctions d’un président élu démocratiquement : Mohamed Bazoum. Ça se passe au Niger, un pays d’Afrique de l’ouest. Malgré les risques de décrochage sécuritaire, les militaires nigériens ont balayé le président Mohamed Bazoum. Ils voulaient sans doute être solidaires de leurs frères d’armes du Mali et du Burkina Faso, avec lesquels le Niger partage des frontières communes. Drôle de solidarité.

La malédiction militaire nigérienne

Bis repetita. C’est l’histoire qui finit par rattraper le Niger. Il y a trois ans, il se déroulait, pour la première fois au Niger, des élections démocratiques. Mais, voilà. Une fois encore nos espoirs été déçus. En effet, le pays est désormais plongé dans l’incertitude sécuritaire. En effet, mercredi dernier, les nouvelles en provenance de Niamey, la capitale du Niger, n’étaient pas reluisantes. Des militaires ont pris le pouvoir pour destituer le président. Aussi, avons-nous été surpris que le président du Niger, Mohamed Bazoum, venait d’être évincé du pouvoir par les membres de sa garde républicaine, après seulement trois années de mandat.

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Toute puissance des militaires

Afin d’être sur la même longueur d’onde que leurs voisins de la sous-région — le Burkina, le Mali, la Guinée, le Soudan… — les militaires nigériens ont décidé de faire parler les armes. Aussi faudrait-il ne trop leur en vouloir. C’est moins difficile de chasser un président démocratiquement élu que de chasser des djihadistes. La Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) et l’Union Africaine (UA) ont fait ce qu’elles savent le mieux faire en de pareilles circonstances : elles l’ont condamné avec la dernière énergie. Dans un communiqué lacunaire, la Cédéao a appelé « les auteurs de cet acte à libérer immédiatement et sans condition le président de la République« . On a envie d’en rire aux éclats. Le Samedi, le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine (UA) a tapé du point sur la table. Il demande aux militaires de retourner immédiatement et sans condition dans leurs casernes.

condamnation de la CÉDÉAO : Crédit photo : Page Twitter

La situation au Niger

Le Niger est un pays riche en ressources naturelles telles que le pétrole, l’uranium, le bauxite, le charbon. Cependant, depuis les années 60, il est en proie à des coups d’État incessants, ce qui limite sa capacité à tirer profit de ses matières premières. Les précédents présidents tels que Diori Hamani (1974) et Mamadou Tandja ont été associés à des putschs. À un degré moindre, Salou Djibo. En somme, des visages qu’on associe toujours à des tentatives de putschs. Toutefois, le colonel-major Amadou Abdramane, nouvel homme fort du pays, a justifié le coup d’État en évoquant une situation sécuritaire instable et une « mauvaise gouvernance économique et sociale ». Cependant, la question se pose : si les militaires s’investissaient autant dans la lutte contre le terrorisme, le Niger pourrait-il connaître une réelle stabilité ?

Les militaires dans la place

Désormais, les militaires mettent en place le CNSP, avec à sa tête un nouveau président, le bras droit de Mohamed Bazoum. En effet, c’est le général Abdourahamane Tchiani. C’était lui le chef de la garde présidentielle du Niger. Il est à l’origine de la chute du président Mohamed Bazoum. Qui va se négliger dans le partage du gâteau ? Jusqu’alors, ce militaire âgé d’une cinquantaine d’années et commandant de la garde présidentielle s’était fait discret sur la scène publique. Vendredi, il est apparu au grand jour à la TV nationale en tant que président de la junte qui a pris le pouvoir.

La France lâche le Niger

Le 29 juillet, dans un communiqué, la France a annoncé la suspension, avec effet immédiat, de toutes ses actions d’aide au développement et d’appui budgétaire au Niger. En effet, ce divorce risquerait de provoquer d’un côté comme de l’autre, des bouleversements majeurs. Un quart de l’uranium français vient du Niger. De l’autre côté, l’Etat nigérien dépend en grande partie de l’aide au développement de la France. Par ailleurs, suite à des manifestations devant l’ambassade française Niamey, le gouvernement français a affirmé la France repliquerait si on s’en prenait à ses ressortissants.

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Communiqué de la Frace
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