La guerre de Kong, de Gnon Bêh Ouattara

Article : La guerre de Kong, de Gnon Bêh Ouattara
Crédit: dohouatt
11 août 2023

La guerre de Kong, de Gnon Bêh Ouattara

guerre de Kong
La guerre de Kong, via dohouatt
La guerre de Kong, ce beau livre, est passé inaperçu. Pour ma part, je l’ai trouvé génial. Aussi me suis-je appuyé dessus pour présenter le concours « RFI Théâtre ». Mais, comme il fallait s’y attendre, j’ai tapé poteau. Encore. De toute évidence, je n’ai pas le génie dramaturgique de Gnon Bêh Ouattara. Mais, j’adore hurler mes échecs, donc vous me permettrez de gueuler. Ça soulage.

Avec La guerre de Kong, Bêh Ouattara rouvre le ventre de l’histoire pour nous proposer de nouveaux éléments. Des éléments qui jettent plus de lumière sur les raisons profondes de la chute de Kong. Par conséquent, l’histoire est toujours un tableau à faire. Aussi, les traits de ses personnages, avec leur passion furieuse, sont déroulés avec vigueur. D’abord, je trouve cela normal, c’est un écrivain. Ensuite, il s’immisce au cœur de nos troubles.

Une guerre entre deux chefs

Kong. Dernière moitié de l’an 1800. Les limites de la Côte d’Ivoire ne sont pas encore claires. Aussi, dans ce vaste espace désertique, ce sont les grandes familles, aux influences séculaires, qui tiennent le pouvoir d’une main de fer. D’une part, à Kong, ce sont les Ouattara. D’autre part, à Korhogo, les Gon-Coulibaly… Un peu plus bas, avant d’arriver aux côtes, les Osseï. Des noms qui sonnent fort dans l’histoire ouest-africaine. Entre ces noms, un couple : Kombi-Samory. D’entre les deux, il y a un qui doit quitter le « navire ». La guerre de Kong est inévitable.

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Deux chefs égocentriques et orgueilleux dégobillent, l’un contre l’autre d’affreux blâmes et de noirs outrages. Le mobile : « obliger Kombi à boire le dêguê », à capituler ? Sans combattre. Pour un roi et chef guerrier de la trempe de Kombi, cela équivaut à un sacrilège. Aujourd’hui « boire le dêguê », ce mélange de lait avec des grumeaux de mil, revêt ne signifie plus abdiquer. Nous sommes revenus à la signification terre-à-terre. Difficile comprendre, sans avoir lu l’œuvre, comment exiger un roi boire du dêguê a conduit ou a été un prétexte à la guerre de Kong…

Des djinns et des sabres

Contre toutes attentes, l’un refuse. L’autre s’offusque. Kombi crie aux Mory, aux marabouts. Samory réplique : « Moryfaga !« , Tuons les marabouts. Les hommes ont parlé. Les djinns ont quelque chose à dire… ils parlent, mais dans la bouche des marabouts, ça s’embrouille, c’est confus. L’affront reste le seul recours. Kong sera mis à feu et à sang. On n’essaie pas d’épuiser, comme veut le faire la Cédéao, tous les recours diplomatiques. Les armées se préparent à se planter des sabres dans le cœur. On sort les sabres. Les têtes se mettent à rouler. La guerre de Kong est ouverte.

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Dans ce livre, la guerre de Kong, tous les dons du dramaturge sont là. Aussi, aucun fait de ce plan d’histoires n’aura échappé à la perspicacité de cet écrivain. Contrairement à ce que beaucoup pensent, un homme de lettres n’a ni crainte, ni peur. Quand je dis écrivain, je ne parle pas des fonctionnaires ivoiriens. Pourquoi ? Parce qu’un fonctionnaire ne peut jamais faire un bon écrivain. Mais, ça se discute. Avec cette nouvelle version de l’histoire de Kong, le livre de Gnon beh OUATTARA est un cri, un cri pour rappeler aux Africains que face à un Léonidas ou Napoléon Bonaparte, il y a un Samory, un Behanzin, qui, dans un combat singulier, mettrait les deux premiers la tête au sol.

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