Le conte revient à Abidjan

Article : Le conte revient à Abidjan
Crédit: Album de Koffi Koffi (avec accord pour publication)
1 décembre 2023

Le conte revient à Abidjan

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Affiche de la soirée, de la première édition conte du 1er décembre 2023 / Photo de Koffi Koffi initiateur du festival (avec accord pour publication)

Les 1 et 2 décembre derniers, Abidjan a vibré au rythme envoûtant des contes, véritable miroir de la société africaine. Cette première édition réunissait des conteurs de renom tels qu’Alexis Djisso, Koffi Koffi, AmoinEn effet, après le Musée Adama Tounkara (MUCAT) d’Abobo, le cap a été mis sur l’Institut français au Plateau. Aussi, plusieurs conteurs ivoiriens se tenaient prêts à exhumer cet art ancestral enfoui dans l’oubli.

Le berceau de l’oralité

Un ami, réagissant à l’un de mes posts sur Facebook, souligne : « L’oralité a toujours caractérisé les Africains, malgré la découverte de l’écriture sur le continent. Aussi demeure-t-elle le mode essentiel de communication et de transmission du savoir en Afrique ». Toutefois, l’oralité transcende le simple langage parlé ; elle s’exprime à travers des véhicules, notamment le conte, la légende, le théâtre. Malheureusement, ce récit oral et vivant est aujourd’hui en déclin. Que faire donc pour ne pas laisser tomber dans l’oubli ce pan de notre histoire ?

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Le conte, un art en péril

Le constat de ce déclin a poussé des intellectuels ivoiriens à réanimer cet art en péril. Le conte, véritable fable vivante racontée au cours des nuits africaines, avait pour vocation de divertir et éduquer. En effet, ces rassemblements nocturnes autour du feu étaient des moments éducatifs uniques. Même si nous pouvons dire que pour éduquer, un simple geste ou regard suffisait à transmettre des enseignements. Le conte participait à la formation de l’enfant sur le plan social et éducationnel.

L’âge des conteurs. Des hommes âgés formaient les plus jeune aux actes de courtoisie et de civilité. L’heure dédiée au conte était la nuit, après le dîner. Le conteur, qui le plus souvent, était un membre de la famille, nous envoyait par l’imagination aux pays du drôle. Cependant, on ne connaît pas tout, au risque d’avoir un malheur. Malheureusement, ce mode d’éducation est en voie de disparition.

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Affiche danse du conte à Institut Français d’Abidjan du 2 décembre 2023 crédit / Photo de Koffi Koffi initiateur du festival (avec accord pour publication)

Conteurs, gardiens de la tradition

Les conteurs africains, maîtres de l’art oratoire, jonglent avec les mots pour captiver leur auditoire. En effet, ils n’ont pas attendu les traités des penseurs pour savoir parler. Ils savent évoquer des images vives et jouer avec les humeurs de leur public. Il y a des moments clés qu’on oublie pas. Parmi eux, les souvenirs d’une chanson accompagnant les pas timides d’une antilope offrant sa vie en rançon pour la libération de ses petits. Un art oratoire souvent emprunt d’ironie mais aussi de beaucoup de sagesse. Les contes ont souvent une importante portée sociale. Ils décrivent les réalités des relations entre les individus avec une grande pertinence. Ces conteurs étaient les gardiens de nos peurs, utilisant le conte comme un filet pour capturer nos émotions.

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Richesse du conte

À l’heure où les valeurs artistiques s’affaiblissent, il y a des artistes qui s’insurgent. En effet, il est réjouissant de voir des artistes s’efforcer de redonner vie à cet art souvent négligé. Le conte, outil d’apprentissage, nous enseignait des vérités surprenantes, semant des graines d’imagination et de la peur de l’invisible. Aussi, il représente une toile tissée entre tradition et modernité, où l’esprit apprivoise l’inconnu et se confronte à l’indicible. En effet, le conte est une belle façon de rassembler et surtout d’éduquer…

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